Les échanges

                                               LES ECHANGES

Point de départ : en cette période de confinement, on peut se rendre compte à quel point nous avons besoin des échanges avec les autres. En effet, le fait d’être limité dans ses mouvements, dans ses rencontres, dans ses dialogues, réduit certaines personnes à un ennui et à une solitude insupportables. Certes, les échanges virtuels permettent d’entretenir les liens, mais la présence physique réelle semble tout de même irremplaçable.

Cf. Vidéos musiciens italiens au balcon.

De façon générale, on peut voir que les échanges sont un pilier de notre existence, individuelle et collective. Déjà au niveau biologique, la vie est définie par un échange permanent d’informations chimiques, nerveuses, hormonales…, au point que l’on peut définir la mort comme un arrêt de ces échanges et du jeu d’équilibration des constantes qu’ils permettent. C’est ce que l’on appelle l’homéostasie (par exemple, notre taux de glycémie est normal grâce à un échange permanent d’informations permettant au foie, soit de libérer du glucose,  soit de l’éliminer, soit d’en stocker).

De même, dans les relations entre individus, les échanges permettent de créer et d’entretenir les liens sous de multiples formes (physiques, économiques, symboliques, virtuels, dialogues, débats, amicaux…). La société, dans sa structure la plus élémentaire, est fondée sur les échanges.

Par extension, entre des groupes ou entre les pays, les échanges jouent un rôle crucial et ils prennent de nombreuses formes (diplomatiques, alimentaires, énergétiques, économiques, symboliques, politiques, humains …) (par exemple, lorsque le PSG, équipe possédée par le Qatar, a acheté Neymar pour plusieurs centaines de millions d’euros, l’enjeu n’était pas seulement sportif mais aussi politique et diplomatique car le Qatar était à ce moment-là très critiqué et replié sur lui-même).

Inversement, l’absence d’échanges marque la solitude, le repli sur soi et engendre un climat de tension dont les conséquences peuvent être néfastes.

Ce constat peut être fait à tous les niveaux, même dans nos relations quotidiennes élémentaires (une bonne discussion peut permettre de résoudre un conflit et de dénouer une tension).

Définition :

Echange = opération par laquelle qqun cède qqch à qqun d’autre, en contrepartie d’autre chose. Dans un échange, il y a donc 2 parties et une relation réciproque qui se crée entre ces 2 parties. En effet, dans un échange, je te donne qqch et tu me donnes qqch. Pour qu’un échange soit juste, il faut donc que les choses échangées aient une valeur équivalente (expl : j’échange un stylo bille contre une gomme, et pas un stylo bille contre un portable).

=> Problématique : alors que les échanges semblent indispensables pour la vie, pour l’équilibre et pour la paix, ne doit-on pas cependant reconnaître qu’ils peuvent aussi être sources de conflits lorsque l’échange n’est pas juste ?

 

I) Les échanges sont indispensables à la vie biologique, individuelle, sociale et politique, et favorisent la paix

A) Les échanges sont au fondement du lien économique et social

Tout d’abord, il faut remarquer que les échanges sont au fondement du lien social. En effet, si les hommes vivent ensemble, c’est avant tout par intérêt, parce qu’ils peuvent échanger leurs compétences et les produits de leur travail (exemple : un boulanger peut échanger du pain contre de la viande avec le boucher). Cette répartition des tâches (que l’on appelle la division du travail) permet la complémentarité des membres d’une société, afin que chacun puisse vivre dans de bonnes conditions.

Cette idée est soulignée dès l’Antiquité par Platon dans le livre II de la République.

Texte de Platon, République, II :

« Or, selon moi repris-je, la cité se forme parce que chacun d’entre nous se trouve dans la situation de ne pas se suffire à lui-même, mais, au contraire de manquer de beaucoup de choses. Y a-t-il, d’après toi, une autre cause à la fondation de la cité ?

– Aucune, dit-il.

– Dès lors, un homme recourt à un autre pour un besoin particulier, puis à un autre en fonction de tel autre besoin, et parce qu’ils manquent d’une multitude de choses, les hommes se rassemblent nombreux au sein d’une même fondation pour s’entraider. C’est bien à cette société que nous avons donné le nom de cité, n’est-ce pas?

– Exactement »

Pour Platon, l’équilibre et la justice de la Cité (« polis » en grec) vient de la complémentarité entre trois classes d’hommes : les gardiens ou guerriers qui doivent protéger et défendre la Cité, les producteurs ou artisans qui assurent sa subsistance matérielle et les chefs ou gouvernants qui doivent maîtriser la science politique (pour Platon, dans la Cité idéale, ce sont les Philosophes qui dirigent car eux seuls sont sages et capables de connaissance intellectuelle).

 

A l’époque moderne (autour du XVIe siècle) , l’idée que la vie d’une société est fondée sur les relations économiques sera reprise, notamment par les penseurs libéraux. Pour Adam Smith, il n’y a pas de catégories naturelles impliquant une classification des métiers dans la société mais chaque individu, en cherchant son intérêt personnel et faisant son travail de son côté, contribue au bon fonctionnement du tout. Les égoïsmes individuels sont complémentaires et permettent donc, par un mécanisme aveugle qu’il nomme la « main invisible », de faire fonctionner la société.

Texte d’Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, I, 2 : au sein d’une société, les individus pensent avant tout à leur intérêt propre. Ainsi, pour échanger avec autrui, il est plus sûr de lui montrer son intérêt dans l’échange proposé, plutôt que d’attendre de lui qu’il soit bienveillant ou généreux. Même si les échanges sont toujours intéressés, leurs effets sont bénéfiques pour tous.

« L’homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s’il s’adresse à leur intérêt personnel et s’il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu’il souhaite d’eux. C’est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque; le sens de sa proposition est ceci: Donnez-moi ce dont j’ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont nécessaires s’obtiennent de cette façon. Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage… »

Ainsi, comme les échanges économiques permettent à chacun de satisfaire ses besoins et de vivre dans de meilleures conditions en travaillant moins et en produisant plus, alors ils favorisent la paix au sein d’une société (expl : si je dépends de l’agriculteur pour manger des carottes, alors je n’ai aucun intérêt à voler ou à saccager son champ).

B) Les échanges assurent l’interaction et la paix entre les nations

Les échanges économiques existent aussi entre les nations. Les nations peuvent notamment échanger des ressources. Ainsi, plutôt que de se faire la guerre pour obtenir certaines ressources naturelles par exemple, les nations peuvent décider d’entretenir des relations pacifiques et commerciales, en échangeant par exemple ces matières premières contre d’autres matières premières (exemple : du pétrole contre du bois) ou contre des produits finis (exemple : du pétrole contre des voitures).

Référence : notion d’ « avantage comparatif » développée par l’économiste Ricardo au XIXe siècle : dans un contexte de libre-échange entre les nations, chaque pays peut développer la production pour laquelle il peut avoir la productivité la plus forte, pour accroître sa richesse nationale (exemple : la France a un avantage à développer la culture du blé, comparativement à l’Arabie Saoudite qui va plutôt développer son industrie du pétrole). Ricardo montre que tout pays, quelles que soient ses richesses de départ, a tout intérêt à s’intégrer dans le commerce international et à éviter le protectionnisme cad le repli sur soi et la recherche d’autosuffisance.

Vidéo youtube : Dessine moi l’éco « Qu’est-ce que l’avantage comparatif ? »

 

Vidéo youtube : Monsieur Phi « A quoi bon échanger ? »

 

Au XVIIIe siècle, lorsque les transports maritimes et terrestres commencent à se développer, le philosophe Montesquieu remarque les effets positifs du commerce entre les nations. En effet, il remarque que les échanges économiques sont facteurs de paix car, lorsque toutes les nations trouvent leur intérêt dans des échanges, elles n’ont aucun intérêt à entrer en guerre les unes contre les autres.

Texte de Montesquieu, De l’Esprit des Lois :

« L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur les besoins mutuels. Mais, si l’esprit de commerce unit les nations, il n’unit pas de même les particuliers. Nous voyons que dans les pays où l’on n’est affecté que de l’esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l’humanité demande, s’y font ou s’y donnent pour de l’argent. L’esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d’un côté au brigandage, et de l’autre à ces vertus morales qui font qu’on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité, et qu’on peut les négliger pour ceux des autres. »

Remarque : aujourd’hui, les échanges se sont mondialisés à outrance, au point que cela a des conséquences écologiques (exemple : pollution liée au tourisme) et humaines (exemple : agriculteurs locaux en faillite alors qu’on achète des produits à l’autre bout du monde) catastrophiques. Il faudrait donc repenser les échanges à échelle locale. La solution n’est pas un protectionnisme économique complètement cloisonné sur un pays ou sur une plus petite communauté, mais un équilibre à trouver.

C) Le rôle de l’argent

Pour opérer ces échanges, il est parfois difficile de trouver un critère pour dire si les valeurs de deux marchandises sont équivalentes. Ainsi, pour assurer la justesse d’un échange, un intermédiaire est parfois nécessaire pour attribuer une valeur aux choses échangées. C’est le rôle de l’argent.

L’utilisation de l’argent pour les échanges se développe surtout avec l’essor du commerce à partir du XVIe siècle. Mais le rôle de cet intermédiaire matériel et symbolique était déjà souligné par Aristote dans l’Antiquité.

Texte d’Aristote, Ethique à Nicomaque V :

«Quant au fait que c’est le besoin qui maintient la société, comme une sorte de lien, en voici la preuve : que deux personnes n’aient pas besoin l’une de l’autre, ou qu’une seule n’ait pas besoin de l’autre, elles n’échangent rien. C’est le contraire si l’on a besoin de ce qui est la propriété d’une autre personne, par exemple du vin, et qu’on donne son blé à emporter. Voilà pourquoi ces produits doivent être évalués. Pour la transaction à venir, la monnaie nous sert, en quelque sorte, de garant, et, en admettant qu’aucun échange n’ait lieu sur-le-champ, nous l’aurons à notre disposition en cas de besoin. Il faut donc que celui qui dispose d’argent ait la possibilité de recevoir en échange de la marchandise. Cette monnaie même éprouve des dépréciations, n’ayant pas toujours le même pouvoir d’achat. Toutefois elle tend plutôt à être stable. En conséquence de quoi, il est nécessaire que toutes choses soient évaluées; dans ces conditions, l’échange sera toujours possible et par suite la vie sociale. Ainsi la monnaie est une sorte d’intermédiaire qui sert à apprécier toutes choses en les ramenant à une commune mesure. Car s’il n’y avait pas d’échanges, il ne saurait y avoir de vie sociale; il n’y aurait pas davantage d’échange sans égalité, ni d’égalité sans commune mesure. »

Remarque : Selon Aristote, l’argent permet d’obtenir ce dont on a besoin, et est utilisé pour s’assurer que la valeur des choses échangées soit équivalente. L’argent joue seulement le rôle d’intermédiaire pour assurer la justice des échanges. Pour Aristote, le désir d’accumuler de l’argent et de faire du profit (qui sera au fondement du système économique capitaliste) est un vice qu’il faut absolument combattre parce qu’il fait perdre aux hommes leur raison et leur moralité (il nomme ce vice la « chrématistique).

Cf. Monologue d’Harpagon dans l’Avare de Molière

 

Transition : les échanges, au sens économique notamment, permettent donc d’éviter les conflits et semblent même être un facteur de paix, entre les individus comme entre les nations. Cependant, pour que l’échange profite aux deux parties, il faut que les choses échangées aient une valeur équivalente, ce qui n’est pas toujours le cas. Les échanges peuvent donc aussi donner lieu à des inégalités et à des tensions.

II) Les échanges peuvent créer des tensions lorsqu’ils sont inégaux

A) La difficulté à établir une justice dans les échanges

Pour que chaque participant d’un échange trouve son intérêt, il faut que ce qu’il reçoit ait une valeur équivalente à ce qu’il donne. Lorsque les choses échangées sont de même nature, il est facile de voir s’il y a une inégalité (exemple : il y a inégalité si j’échange 1kg de pommes de terre contre 2kgs de pommes de terre). Mais les échanges sont souvent plus complexes, et il est souvent très difficile d’attribuer une valeur aux choses (exemple : comment savoir si le pétrole que je donne a une valeur équivalente aux voitures que je reçois en échange ?). Il y a donc un côté arbitraire dans les échanges, ce qui implique que les échanges sont parfois source de conflit et de tension.

B) Les risques d’injustice dans l’échange du travail contre un salaire

Au XIXe siècle, lors des révolutions industrielles, certains individus s’enrichissent considérablement, et font travailler un grand nombre d’autres hommes. Les travailleurs n’étant pas protégés par un code du travail limitant le nombre d’heures travaillées, fixant un salaire minimal et les protégeant en cas d’accident, vivent dans un état précaire et misérable.

Karl Marx dénonce l’inégalité de l’échange salarial dans ce contexte : le travailleur est exploité et est payé le strict minimum pour survivre (la force qu’il met dans son travail a beaucoup plus de valeur que ce qu’il gagne en retour).

C’est ce rapport d’exploitation que Marx critique fortement, en particulier dans le système capitaliste dont le principe est l’accumulation de capital par le patron. Dans la relation de travail patron/ouvrier, le travailleur donne sa force de travail, cad sa capacité à faire un travail plus ou moins complexe. En échange, le patron donne un salaire. Ce salaire permet au travailleur de juste satisfaire ses besoins, alors que le patron accumule beaucoup plus d’argent qu’il n’en a besoin.

En quoi cet échange est-il inégalitaire selon Marx ? D’une part parce que le travailleur n’a pas le choix, il doit trouver un patron, alors que le patron peut remplacer le travailleur comme il veut. Et, d’autre part, parce que la richesse que le travailleur produit grâce à son travail est bien supérieure au salaire qu’il reçoit. Le profit fait grâce à la vente des produits finis rapporte au patron mais pas du tout au travailleur.

Ce type d’échange est la cause de conflits entre patrons et ouvriers, et entre les ouvriers eux-mêmes. Marx appelle ces tensions « la lutte des classes ».

Vidéo youtube : Le capital de Marx

 

Vidéos Trash et decodactu sur l’esclavage moderne

 

Vidéo sur les conditions de travail dans les usines chinoises (« Chine, l’exploitation selon Mattel » ou « Apple, les conditions de travail chez Foxconn » ou « Asie du sud-est : le scandale des petites mains pas chères ») ; Exemple des conditions de travail des chauffeurs Uber…

Ainsi, les échanges, en particulier les échanges marchands, sont source de conflits lorsqu’ils sont inégalitaires, cad lorsqu’un des participants reçoit plus qu’il ne donne en retour.

Transition : pour éviter que les échanges économiques créent des conflits, il faut s’assurer de leur justesse (équivalence de valeur des choses échangées).

Mais, plus généralement, les échanges existent sous un grand nombre de formes et peuvent être une richesse considérable lorsque, en plus d’envisager les choses échangées, on prend en compte la relation qui se crée lors de l’échange.

III) La richesse de l’échange est dans la relation qui se crée lors de cet échange

A) La dimension relationnelle de l’échange

Dans un échange, il y a des objets qui sont échangés et des parties qui échangent. Entre ces parties, une relation se tisse. Peut-être que pour penser les échanges comme facteur de paix, il faut penser la valeur de la relation d’échange elle-même, et pas seulement la valeur des biens échangés (expl du cadeau : c’est moins la valeur du cadeau qui compte que la démarche de faire ou de recevoir un cadeau). Ce n’est donc pas seulement l’aspect objectif, mais aussi l’aspect subjectif et relationnel qui favorise la paix. Dans l’échange, il se joue bien plus qu’une satisfaction de l’intérêt personnel, puisqu’il s’agit de découvrir l’autre et de s’ouvrir à son intérêt. L’échange est donc un facteur de paix lorsqu’il n’est pas égoïste mais altruiste.

Si on insiste sur cet aspect relationnel, on pourrait voir dans le dialogue la forme d’échange par excellence. Dans un dialogue, ce sont des mots et des idées qui s’échangent.

Selon Maurice Merleau-Ponty, lors d’un dialogue, se crée entre ceux qui parlent une sphère de jeu commune où ils partagent leurs idées et construisent une pensée commune.

Texte de Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception :

« Dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l’état de la discussion, ils s’insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n’est le créateur (…). Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d’autrui sont bien des pensées siennes, ce n’est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et même, l’objection que me fait l’interlocuteur m’arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que si je lui prête des pensées, il me fait penser en retour. »

Exemple du dialogue interreligieux : le dialogue entre les différentes religions permet de faire de la diversité des religions une richesse et non pas une source de division. Seul le dialogue permet de rencontrer l’autre, de le comprendre et de le respecter.

B) Le cas du don

A priori, le don n’est pas un échange puisque quelque chose est donné mais rien n’est rendu en retour. Et pourtant, le don est une relation, réelle ou virtuelle, qui établit un lien très fort entre deux personnes. Ainsi, le don peut être considéré comme une forme d’échange, non pas parce que des objets équivalents sont échangés, mais parce qu’une relation se crée entre celui qui donne et celui qui reçoit.

Dans un don, la richesse de l’échange est d’ordre humain (exemple : lorsque je donne une pièce à un mendiant, je ne reçois rien en retour mais la relation humaine qui se crée, l’éventuel sourire qu’il m’offre en retour me procurent un véritable plaisir ; lorsque je donne mon temps et mon énergie pour une association, j’établis réellement ou virtuellement un lien avec celui ou ceux que j’aide, même si je ne les connais pas, et ce lien contribue à mon humanité).

Thèse de l’anthropologue Marcel Mauss dans son Essai sur le don : après avoir étudié le fonctionnement de nombreuses sociétés non incluses dans le marché mondialisé, Mauss constate que le don est un acte unificateur précieux pour créer et pour entretenir le lien social. Car le don implique souvent, sur long terme, un « contre-don » : après avoir reçu, les hommes ont tendance à vouloir donner à leur tour, ou à rendre. Cela crée une triple obligation « donner-recevoir-rendre ». Ainsi, dans ces sociétés, l’économie n’a de sens qu’en tant qu’elle est fondée sur le social, et « La raison profonde de l’échange-don vise davantage à être qu’à avoir ».

En un mot, philosophons!

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