Introduction

COURS D’AUTODEFENSE INTELLECTUELLE

« La 1e chose qu’il faut faire, c’est prendre soi de votre cerveau. La 2e est de vous extraire de tout ce système d’endoctrinement. Il vient alors un moment où ça devient un réflexe de lire la 1e page du LA Times en y recensant les mensonges et les distorsions, un réflexe de replacer tout cela dans une sorte de cadre rationnel. Pour y arriver, vous devez encore reconnaître que l’Etat, les corporations, les médias et ainsi de suite vous considèrent comme un ennemi : vous devez donc apprendre à vous défendre. Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle » Noam Chomsky

Point de départ :

Analyse du tableau de Goya de la série des Caprices : « Le sommeil de la raison engendre des monstres » (1799)

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Sur cette gravure, Goya se représente endormi sur son bureau, entouré de visions cauchemardesques de hiboux, symbolisant la folie, et de chauves-souris, symbolisant l’ignorance. Par le sommeil de sa raison, cad de la faculté qui nous permet de réfléchir avec ordre et rigueur aux phénomènes en nous et hors de nous, l’artiste devient la proie de son imagination mais aussi de ses croyances et de son ignorance.

Par cette gravure, l’artiste montre les effets néfastes que peut avoir le déploiement de l’imagination sans la raison. En se représentant lui-même, il montre que tous les hommes peuvent être tentés par cet endormissement de la raison.

Comme le remarquait Descartes au début du Discours de la méthode, tous les hommes sont dotés d’une raison, mais tous n’en font pas le même usage. Certains hommes, par paresse ou par facilité, laissent leur raison endormie et se contentent de croire ce qu’ils entendent ou ce qu’ils pensent vrai sans chercher à le remettre en question. D’autres, plus courageux et persévérants, font appel à leur raison pour analyser et vérifier rumeurs et opinions, pour favoriser la connaissance.

Or, la raison est une faculté qui s’éduque et se développe. Certains outils précieux peuvent nous aider à distinguer le vrai du faux, à douter de ce qui est suspicieux et à aiguiser notre esprit critique. Le but n’est pas de douter de tout ce que nous voyons et entendons, ni de croire que tous les médias, hommes politiques et entreprises nous mentent et nous manipulent. Il s’agit simplement de ne jamais lire un article, écouter un discours ou adhérer à une idée sans en avoir d’abord cherché l’origine et sans en avoir vérifié la cohérence.

Le développement de la raison exige des efforts et du temps mais la démarche est primordiale pour différentes raisons :

  • Au niveau épistémologique: alors que se développent de plus en plus des pseudos-sciences (médecines dites « alternatives », pensées New Age, télékinésie, mediums et astrologie, pouvoir des plantes ou des cristaux…), il est indispensable de connaître les principes et l’intérêt de la science véritable.

Pour établir ce qu’est une vraie théorie scientifique, il faut savoir en étudier la méthodologie et ne pas se laisser piéger par des apparences des rationalité (expl : articles qui, àpd graphiques lus fallacieusement, montre que les vaccins causent l’autisme. Ici, le lien de causalité n’existe pas, il n’y a qu’une corrélation entre les 2 phénomènes puisque l’on découvre l’autisme à peu près au même âge que l’on fait les vaccins).

Cet aspect scientifique est central. Savoir reconnaître la force et l’efficacité de la science permet d’éviter des dérives aux conséquences terribles (expl : conséquences écologiques catastrophiques de la négation par Trump du réchauffement climatique).

  • Au niveau social et politique : Internet et les réseaux sociaux sont d’une redoutable efficacité. La moindre photo, le moindre article peut être partagé un nombre de fois considérable en très peu de temps. Certes, cela permet la diffusion de la connaissance, mais cela engendre surtout une diffusion pathologique des rumeurs et fausses croyances. Les articles fallacieux, pour être diffusés plus rapidement, ont souvent un titre racoleur (c’est ce que l’on appelle le « click bate » ou « Putaclic », expl : «Un australien guérit les cancers avec des infusions de thym », « Une américaine a perdu 30 kilos en arrêtant de boire des boissons pétillantes »…).

En mettant fin à une rumeur, du moins en ne la diffusant pas, en ne réagissant pas à vif sans réfléchir, on limite l’expansion des préjugés. En répondant à un commentaire haineux ou complotiste, on incite les internautes à nous lire et peut-être à oser faire de même.

L’autodéfense intellectuelle est donc un acte citoyen.

  • Au niveau personnel: il est très précieux de savoir distinguer une vraie d’une fausse information et de reconnaître une source fiable et exclure les sources fragiles (expl : apprendre à reconnaître un site parodique comme Le Gorafi).

De plus, la capacité à penser par soi-même, de façon autonome nous rend libres et fiers (au siècle des Lumières, Kant disait à ses lecteurs « sapere aude », « aie le courage de penser par toi-même »).

Parfois, on a tendance à penser que la connaissance est lente, peu intéressante et infinie, et que la croyance et la certitude sont plus agréables. En réalité, le désir de connaissance, même s’il ne peut jamais être totalement assouvi, est une source incomparable de joie. Plus nous apprenons, plus nous réalisons que nous ne connaissons rien et que ce qu’il nous reste à connaître est immense. Loin d’être source de désespoir, cette prise de conscience éveille notre curiosité, comble notre ennui et nous invite à l’humilité, qualité indispensable dans notre monde.

En un mot, philosophons!

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