METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION
2 sujets au choix, sur des thèmes du programme différents. Sujets présentés sous forme de question.
Il faut :
- Bien comprendre la question, cad bien en analyser la formulation et les termes = travail préalable au brouillon qui apparaîtra en partie dans l’introduction
- Voir le problème caché derrière cette question (voir pourquoi il y a un sens philosophique à réfléchir sur cette question) = formulation de la problématique
Expl : distinction entre la question « les français ont-ils gagné le match hier soir ? » et la question « est-il toujours juste d’obéir aux lois ? » : à la 1e, on peut donner une réponse rapidement, alors que pour la 2e, il faut envisager plusieurs points de vue car c’est la définition de la justice qui est en jeu.
- Proposer plusieurs hypothèses pour résoudre le problème = construction d’un plan le plus complet et le plus cohérent possible
- Proposer une résolution du problème en tentant de répondre à la question posée par le sujet = réponse proposée par l’élève en conclusion.
Attention : il ne suffit pas de donner son point de vue sur la question, il faut argumenter en envisageant différents points de vue car c’est la diversité des points de vue qui peut nous permettre de prendre position sur une question.
Le point de vue personnel n’apparaît pas directement (pas de « je pense que » au cours de la dissertation), mais il est de toute façon visible dans la façon même de présenter la réflexion et de répondre à la question.
Texte officiel :
« La dissertation est l’étude méthodique et progressive des diverses dimensions d’une question donnée. A partir d’une 1e définition de l’intérêt de cette question et de la formulation du ou des problèmes qui s’y trouvent impliqués, l’élève développe une analyse suivie et cohérente correspondant à ces problèmes, analyse nourrie d’exemples et de mobilisant avec le discernement nécessaire les connaissances et les instruments conceptuels à sa disposition ».
Composition de la dissertation :
- Une introduction: présentation du sujet, définition des termes, formulation de la problématique et présentation du plan.
- Un développement: chaque partie correspond à une hypothèse de réponse à la problématique, articulation des parties entre elles par des transitions : la réflexion doit être continue (sans rupture oui/non) et cohérente.
- Une conclusion : réponse à la problématique. Pas de réponse définitive et péremptoire, mais réponse humble et provisoire.
I) Le travail au brouillon
Plusieurs étapes :
- Souligner les mots importants: notions au programme et autres notions
Noter une 1e définition de ces mots, leurs synonymes et leurs contraires.
Expl : «Voulons-nous vraiment être heureux ? » : souligner l’adjectif « heureux » et le verbe « vouloir ». « Etre heureux » = bonheur désigné comme un état. Distinction entre bonheur, joie et plaisir. Verbe « vouloir » = tendre vers qqch en mettant les moyens nécessaires pour obtenir cette chose. Distinction entre vouloir, désirer et avoir envie.
- Souligner les mots intermédiaires: adverbes, formules négatives, pronoms, singuliers pluriels…
Expl : « La justice est-elle toujours l’application de la loi ? » : adverbe « toujours »
« L’homme n’est-il qu’un animal comme les autres ? » : négation « ne que »
« Faut-il parfois préférer l’illusion à la vérité ? » : adverbe « parfois »
« Peut-on comprendre la culture sans parler des différentes cultures ? » : singulier « la », pluriel « les »
- S’intéresser à la formulation de la question
Principales formulations :
« Peut-on … ? / … peut-il… ? » : possibilité matérielle et technique et possibilité morale (expl : « peut-on créer du vivant ? » ; « peut-on mentir sans qu’il n’y ait de conséquences ? » ; « l’argent peut-il faire le bonheur ? »…)
« Doit-on … ? / … doit-il…. ?/ Faut-il… ? » : nécessité matérielle, nécessité morale et nécessité sociale (expl : « faut-il avoir peur de la technique ? » ; « Doit-on toujours rechercher la vérité ? » ; « Doit-on recevoir pour donner ? »…)
« A quoi sert… ?/ Pourquoi… ? » : causes ou raisons, buts et utilité (expl : « Pourquoi contempler des œuvres d’art ? » ; « Pourquoi les hommes vivent-ils en société ? » ; « A quoi sert le travail ? »…)
« Suffit-il… ? » : distinction entre condition nécessaire et condition suffisante (expl : « suffit-il d’être un bon technicien pour être un artiste ? », « Le modèle de la machine suffit-il pour comprendre le vivant ?…)
- Rechercher les présupposés du sujet = idée contenue dans la question et présentée comme si elle était évidente.
Expl : « Les œuvres d’art sont-elles toujours belles ? » : la plupart des œuvres d’art sont belles. Il y a donc un lien entre l’art et la beauté mais peut-on parfois parler d’art sans que nous trouvions l’œuvre belle ?
« Le juste n’est-il que l’application de la loi ? » : la justice est généralement définie comme l’application de la loi mais la justice peut-elle être réduite à la légalité ?
« Qu’attendons-nous pour être heureux ? » : nous ne sommes pas heureux. Pourquoi ne pas le devenir ?
- Formuler la problématique cad le problème implicite dans la question posée
Pour formuler la problématique : noter d’abord la réponse spontanée à la question, puis tenter de voir les limites de cette réponse spontanée. Présenter la problématique en mettant en balance les deux aspects.
Expl : « Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ? ».
Réponse spontanée : La satisfaction des désirs entraîne du plaisir et le plaisir contribue au bonheur.
Difficulté : Le plaisir est éphémère, laisse place à nouveau au manque et certains plaisirs sont source de malheur sur long terme.
=> Problématique : L’accès au bonheur est-il permis par le plaisir procuré par la satisfaction de tous nos désirs ou faut-il renoncer à satisfaire certains désirs pour être heureux ?
Expl : « Y a-t-il des lois injustes ? »
Réponse spontanée : en droit, le principe d’une loi est d’être juste, il n’y a donc pas de lois injustes (contradiction dans les termes).
Difficulté : en fait, nous avons un sentiment d’injustice face à certaines lois qui favorisent certains au détriment des autres et qui sont parfois même arbitraires.
=> Problématique : alors que toute loi semble être faite en vue de la justice, comment expliquer le sentiment d’injustice face à certaines lois ?
Expl : « L’artiste est-il maître de son oeuvre? »
Réponse spontanée : l’artiste est le créateur de son œuvre, il en est donc pleinement maître
Difficulté : au cours de la création, l’artiste peut être emporté par une inspiration qu’il ne contrôle pas entièrement et l’œuvre, une fois créée, est soumise à une infinité d’interprétations que l’artiste ne pouvait pas prévoir.
=> Problématique : Peut-on dire du créateur qu’il contrôle parfaitement ce qu’il crée ou doit-on admettre que, pendant la création et une fois l’œuvre terminée, le processus de création dépasse le créateur, à tel point que l’œuvre devient autonome par rapport à lui ?
- Faire un plan: le plan correspond au déroulement de la réflexion. La réflexion se construit en envisageant différents points de vue pour en tester la force et les limites.
Eviter le plan oui/non/bof et le plan calqué du cours
Préférer un plan progressif sous la forme : thèse A/ difficulté de la thèse A/ thèse B
Expl : « Serions-nous plus libres sans l’Etat ? »
I) L’Etat impose des contraintes qui vont à l’encontre de notre liberté
II) Sans Etat, la liberté des uns empiète sur celle des autres
III) En un sens politique, la liberté de chacun et de tous se construit grâce au respect de certaines obligations.
Expl : « Faut-il craindre la technique ? »
I) La technique permet de faciliter nos gestes et notre travail, elle n’est pas mauvaise en elle-même
II) Mais l’usage de certaines techniques conduit à des dérives parfois terribles
III) La technique n’est, en elle-même, ni bonne ni mauvaise mais il faut réfléchir aux usages que l’on en fait pour éviter les conséquences négatives
Expl : « La satisfaction de tous nos désirs est-elle la clé du bonheur ? »
I) La satisfaction des désirs entraîne du plaisir, sensation qui est favorable au bonheur
II) Mais le plaisir est éphémère, parfois illusoire, et la satisfaction d’un désir va de pair avec la création d’un nouveau désir, d’un nouveau manque
III) Sans renoncer à tout plaisir, il faut trier nos désirs et ceux qui favoriseront notre bonheur et le bonheur de ceux qui nous entourent sur le long terme
- Rédiger l’introduction: l’introduction doit présenter le sujet, souligner le problème implicite dans le sujet et présenter le déroulement de la réflexion tentant de résoudre ce problème.
Plusieurs étapes :
Accroche (thématique, historique, littéraire, actualité, œuvre d’art, situation quotidienne…)
Présentation du sujet, définition des termes, remarques sur la formulation du sujet et présentation des éventuels présupposés du sujet
Formulation de la problématique (1 ou 2 questions maximum)
Présentation du plan (chaque partie apparaît comme une hypothèse permettant de faire avancer la réflexion sur le sujet)
II) Le travail au propre
Plusieurs étapes :
- Recopier l’introduction
- Rédiger le développement :
Introduire chaque partie en formulant la thèse dans un petit §
Dans chaque partie, formuler 2 ou 3 arguments pour défendre la thèse abordée dans la partie. Chaque argument peut être renforcé par une référence philosophique et illustré par un exemple. Attention : l’argument ne doit pas commencer par la référence à un auteur, la dissertation est un exercice de réflexion personnelle, la référence aux auteurs doit venir renforcer notre réflexion et pas la remplacer.
Entre chaque partie, sauter une ligne et rédiger une transition en montrant les acquis de la thèse abordée précédemment et la nécessité d’envisager une autre thèse.
- Rédiger la conclusion: rappeler le déroulement de la réflexion et éventuellement ouvrir sur de nouveaux problèmes apparus au cours de la réflexion.
Emerveillons-nous 