La raison et le réel

                                               LA RAISON ET LE REEL

Point de départ : lorsqu’on s’allonge dans l’herbe et qu’on regarde le ciel, nous pouvons nous amuser à trouver des formes dans les nuages. Cette capacité à trouver des formes dans une matière informe s’appelle la paréidolie.

La paréidolie est liée à notre besoin de rattacher l’inconnu à du connu et à donner du sens à ce que l’on ne comprend pas.

Face au réel, cad à l’ensemble des choses qui existent, l’homme se sent perdu et a besoin de poser des repères pour donner un sens (signification, direction et but) à son existence.

Pour cela, il peut utiliser différents moyens : il peut inventer une histoire qui rende compte de l’origine d’un phénomène (mythologies, religions) et de ses conséquences (superstitions) mais il peut aussi tenter d’expliquer la série de causes qui mènent à un phénomène (méthode scientifique).

Expl : pour donner du sens à un phénomène aussi impressionnant que la foudre, nous pouvons imaginer qu’un être supérieur caché dans les nuages se met en colère ou chercher les causes physiques de ce phénomène de décharge d’énergie électrostatique.

Cf. réflexion de Roland Barthes sur les mythes et leur évolution :

Remarque : il est beaucoup plus facile et bien moins long d’inventer une histoire que de proposer une explication rationnelle pour rendre raison d’un phénomène. Cela explique pourquoi il nous arrive souvent de nous contenter d’une croyance plutôt que de faire les efforts pour chercher à savoir.

Distinction entre croire et savoir : croire, c’est tenir pour vrai sans pouvoir le justifier. Savoir, c’est tenir pour vrai en étant capable de le justifier par des arguments rationnels et par un raisonnement qui pourrait être mené par tous. La croyance est subjective (chacun est libre de croire ce qu’il veut à condition qu’il ne l’impose pas à autrui) alors que le savoir a une dimension objective (par une méthode précise et rigoureuse, chacun doit pouvoir refaire un raisonnement pour en vérifier par lui-même les étapes et les résultats).

Expl des articles au titre accrocheur sur internet : il nous est très facile de lire juste le titre et de partager un article sur les réseaux sociaux sans même l’avoir lu en entier. Vérifier les sources et multiplier les articles pour approfondir sa connaissance d’un sujet prend du temps, demande des efforts, et nous avons tendance à être plutôt paresseux. Le problème est que, lorsque nous diffusons des informations non vérifiées, nous contribuons à l’expansion de fake news dont les conséquences peuvent être catastrophiques.

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Une du journal parodique Le gorafi, 21/12/2014

Ce ne sont pas les mêmes facultés qui sont en jeu dans la croyance et dans le savoir.

En effet, ce sont principalement l’imagination et la croyance qui alimentent les mythologies et les religions. La croyance a une dimension affective pour nous, ce qui explique pourquoi il est parfois difficile de s’en séparer (toute illusion trouve ses racines dans la croyance). En ce sens, la superstition est une croyance fondée sur la peur.

Au contraire, c’est la raison qui permet à l’homme de mettre en place une réflexion scientifique rigoureuse. En ce sens, la raison est la faculté qui permet à l’homme d’analyser le réel et d’en comprendre le fonctionnement pour, éventuellement, agir sur lui.

Ainsi, toutes les croyances n’ont pas le même degré de rationalité et ne permettent qu’une compréhension subjective de la réalité. Seul le savoir semble vraiment fiable pour accéder à une connaissance objective (ou du moins la plus objective possible) et solide des choses.

Cependant, les croyances ne doivent pas être complètement exclues comme des formes d’ignorance. En effet, les croyances rythment notre vie quotidienne et fondent notre vie sociale. Malgré leur fragilité, elles sont donc utiles et nous permettent d’agir rapidement. De plus, certains domaines, la métaphysique notamment, ne sont accessibles que par la croyance et le prétendu savoir y serait même dangereux (expl : dans le domaine religieux, croire en Dieu c’est avoir la foi, alors que prétendre connaître Dieu c’est sombrer dans le fanatisme). Certaines sphères de la réalité échappent à la connaissance rationnelle et la croyance permet d’y donner un sens.

Ainsi, savoir et croyance ont leurs domaines d’exercice respectifs, et la croyance n’est pas inférieure au savoir si elle ne prétend pas être une forme de savoir.

En un mot, philosophons!

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