Liberté

FICHE SUR LA LIBERTE : Être libre, est-ce faire tout ce que l’on veut ?

 DEFINITIONS :

  • Licence = liberté au sens absolu = possibilité de faire tout ce que l’on veut sans aucune restriction.
  • Libre-arbitre = capacité à faire un choix à l’issue d’une réflexion rationnelle sur une question donnée.
  • Autonomie = capacité à se donner à soi-même la loi de sa propre conduite
  • Lois = ensemble de règles générales permettant le vivre-ensemble dans une société.
  • Education = Processus qui permet à un être dépendant d’acquérir son autonomie.

CONCEPTS :

  • Contrainte/obligation: contrainte = obstacle imposé de l’extérieur qui nous force à agir d’une certaine manière / Obligation = règle de conduite que l’on s’impose à soi-même intérieurement (lien avec le devoir moral).

INTRODUCTION

  • Problématique: alors que la liberté nous apparaît comme la possibilité d’agir, de penser et d’assouvir tous nos désirs sans rencontrer aucun obstacle, ne doit-on pas cependant reconnaître que certaines limites sont indispensables pour éviter le règne de la force et permettre à la fois la vie en société et l’autonomie de chacun ?

I) Etre libre, c’est faire tout ce qui nous plaît, sans exception

Liberté = absence d’obstacle et de contrainte, et possibilité d’assouvir tous nos désirs sans frustration.

Référence : Platon, Gorgias : discours de Calliclès : être libre, c’est « vivre dans la jouissance, éprouver toutes les formes de désirs et les assouvir ». Cela implique d’exercer sa force au détriment des autres, donc une société dans laquelle seuls les plus puissants, forts et riches sont libres = vision tyrannique de la vie en société.

 II) Si tout le monde fait tout ce qui lui plaît sans restriction, plus personne n’est vraiment libre

Paradoxe : concevoir une liberté individuelle sans aucune restriction conduit à la négation de toutes les libertés.

Référence : Hobbes, Le Citoyen : description de la fiction de l’« état de nature » comme une « guerre de tous contre tous »« tout homme est l’ennemi de tout homme ». L’exercice sans limites des libertés individuelles conduit à la peur permanente de subir une mort violente. Pour sortir de cette situation infernale, les hommes passent un « pacte social ».

Si on conçoit la liberté comme un absolu, seul le plus fort est vraiment libre. Mais même le plus fort ne l’est pas car il peut à tout moment être renversé.

Référence : Rousseau, Du contrat social : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître ».

Pour permettre aux hommes de vivre ensemble librement, il faut instaurer des lois, lesquelles sont protectrices car elles traitent tous les hommes comme égaux.

Référence : Rousseau, Lettres écrites sur la montagne : Les lois permettent d’éviter l’arbitraire et les injustices des hommes « Un peuple libre (…) obéit aux lois mais n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes ».

Expl : la loi française exige que tous les citoyens, sans exception, payent des impôts proportionnellement à ce qu’ils gagnent (=égalité proportionnelle ou géométrique).

 C’est donc à chacun d’entre nous de faire des concessions en acceptant l’obéissance aux lois = capacité des hommes rationnels à s’auto-déterminer. Les lois ne sont pas un obstacle mais une condition de notre liberté, au sens individuel et politique du terme.

Référence : Montesquieu, De l’esprit des lois : « La liberté consiste à vouloir faire ce que l’on doit vouloir et à n’être pas contraint à faire ce que l’on ne doit pas vouloir (…). La liberté consiste à faire ce que les lois permettent ».

 De plus, au niveau individuel, assouvir tous ses désirs sans restriction conduit à ne plus apprécier aucun plaisir et à devenir esclave de soi-même.

Référence : Platon, Gorgias : réponse de Socrate à Calliclès : l’homme qui assouvit tous ses désirs tombe dans la démesure, qui le réduit à l’esclavage. La vertu et la liberté se situent au contraire dans l’équilibre et la maîtrise de soi.

Expl : image des Danaïdes condamnées à remplir éternellement des tonneaux percés.

III) La liberté existe à différents degrés et il nous faut apprendre à être libre 

La liberté absolue est contradictoire. La liberté s’établit et se ressent à différents degrés, souvent par opposition à une contrainte qui la retient.

Expl : la sensation de libération d’un peuple après une période d’oppression est très intense, puis elle diminue peu à peu, au point de considérer certaines libertés comme « normales » alors qu’elles relèvent toujours d’un combat (expl : liberté d’expression, de manifester…).

Si la liberté exige de se connaître soi-même et de prendre en considération l’existence d’autrui, alors l’homme doit apprendre à être libre au cours de son éducation.

Référence : Kant, Traité de pédagogie : l’éducation d’un enfant relève d’un paradoxe : « je dois habituer l’élève à tolérer une contrainte pesant sur sa liberté, et en même temps, je dois le conduire à faire un bon usage de sa liberté ». L’autonomisation passe donc par l’apprentissage de l’obéissance, non pas aveugle, mais raisonnable et morale.

De façon plus générale, les contraintes peuvent servir de tremplin à l’exercice de notre liberté et de notre créativité, en art par exemple.

Référence : Baudelaire, Lettre à Armand Fraisse : « Parce que la forme est contraignante, l’idée surgit plus intense ».

Expl : poème japonais « haïku » très contraignant formellement (3vers, 17 syllabes), ce qui permet de tirer la quintessence d’une sensation ou d’une réalité décrite.

 

 

 

 

 

En un mot, philosophons!

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