« Conscience est synonyme de choix » Bergson

Mais que signifie « Conscience est synonyme de choix » ?

Cette phrase du philosophe Henri Bergson apparaît dans La conscience et la vie (1919) à la fin d’une réflexion sur la question des variations de nos degrés de conscience au cours de nos différentes activités.

Bergson n’est pas le premier philosophe à énoncer l’idée que notre activité psychique ne se réduit pas à une conscience pleine et entière de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Dès le début du XVIIIe siècle, Leibniz évoquait, dans les Nouveaux essais sur l’entendement humain, l’existence en nous d’une « infinité de petites perceptions » « sans aperception », c’est-à-dire sans une conscience réflexive qui mettrait la pleine lumière sur leur existence. Ces petites perceptions constituent pour Leibniz le fond de notre vie psychique, et la conscience réflexive telle que l’avait décrite Descartes quelques années avant n’émerge qu’en de rares occasions car elle naît d’un amoncellement particulier de ces perceptions inconscientes.

Pour Bergson, la conscience en son sens le plus fort n’émerge pas lorsque les perceptions inconscientes le permettent, mais dans certaines circonstances particulières auxquelles nous sommes confrontées.

Dans la vie quotidienne, Bergson remarque que nous faisons un grand nombre d’activités quasi-automatiquement. En effet, les mécanismes cérébraux sélectionnés au cours de l’évolution pour leur efficacité, permettent l’automatisation de certains gestes et activités. Pour vivre, nous devons agir de la manière la plus efficace possible. Lorsqu’une action ou une activité devient habituelle, notre mémoire conduit à son automatisation, laquelle conduit à une diminution progressive du degré de conscience que nous y mettons (expl : lorsque nous apprenons à conduire, chaque geste est pleinement conscient et calculé mais, au bout d’un certain temps, la conduite devient automatique et nous ne nous rendons même plus compte des gestes que nous faisons). Plus les gestes deviennent habituels, plus ils s’automatisent, et plus notre degré de conscience dans ces gestes diminue.

Cependant, nous ne devenons pas de simples automates. Dans certaines situations, notre conscience ressurgit à son degré maximal : lorsque se présentent à nous de l’inattendu et de la nouveauté. Face à une situation inédite, notre conscience endormie se réveille et nous permet, le plus rapidement possible, de prendre une décision adéquate (expl : alors que je conduis automatiquement, un chat traverse la route, je dois rapidement décider si je freine, si je le contourne ou si je l’écrase). C’est en ce sens que « la conscience est synonyme de choix ».

On peut ajouter que ce choix conscient et libre est personnel et révèle la personnalité et la créativité de chacun. Dans une situation impromptue, nous devons faire appel à notre vécu, à notre mémoire et à notre personnalité dans son ensemble pour faire nos choix. La conscience et la liberté de nos choix impliquent notre responsabilité, laquelle est indispensable à la justice et à la vie en société.

En un mot, philosophons!

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