L’expérience et la vérité

                                   FICHE SUR L’EXPERIENCE ET LA VERITE

DEFINITIONS :

  • Expérience = au sens général, confrontation au réel par le biais des organes des sens
  • Expérimentation = mise en place d’un protocole scientifique rigoureux pour expliquer un phénomène réel par ses causes
  • Connaissance = explication d’un phénomène par une méthode qui exige des efforts, de la rigueur et du temps.

Introduction : dans le langage courant, « avoir de l’expérience » est synonyme de sagesse mais l’expérience permet-elle d’acquérir une véritable connaissance ? Paradoxe : notre expérience est notre premier moyen d’accéder au réel, mais elle est toujours contingente et subjective, ce qui peut parfois empêcher la connaissance, laquelle tend vers l’objectivité.

Problématique du cours : Alors que notre expérience nous permet de vivre au quotidien et d’acquérir un certain savoir-faire, ne doit-on pas reconnaître qu’elle peut aussi nous conduire à l’erreur et à l’illusion ? Comment l’éviter ?

I) L’expérience est la source de toute connaissance

A) Il n’y a pas de connaissance en dehors de l’expérience

Expérience = premier contact avec le réel. Aucune connaissance innée, tout est acquis par l’expérience.

Référence : Locke, Essai sur l’entendement humain : à la naissance, l’esprit est comme une feuille blanche, une « table rase » et toutes les idées viennent s’y imprimer progressivement grâce à l’expérience : « Il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait d’abord été dans les sens ».

Expl : c’est l’expérience visuelle et motrice qui permet à un bébé d’acquérir progressivement la proprioception.

B) L’expérience est une condition nécessaire mais non suffisante à la connaissance.

Une expérience isolée ne peut donner lieu à une connaissance. Il faut d’abord qu’elle soit répétée pour être mémorisée.

Référence : Aristote, Physique : l’expérience est un stade du processus de connaissance. Etapes : sensation, répétition et mémorisation (=expérience) + rechercher des causes (recherche théorique).

II) L’expérience est singulière et peut conduire à l’erreur

A) La contingence et la singularité de l’expérience

Opposition entre expérience subjective et contingente/ connaissance objective et universelle. A partir de notre expérience, risque d’induction abusive, d’erreur et d’illusion.

En ce sens, éloge des mathématiques qui n’ont pas recours à l’expérience et raisonne dans l’abstrait et de façon universelle.

B) Les illusions des sens

L’expérience se fait d’abord par le biais de nos sens. Or, les données sensorielles peuvent être trompeuses et nous conduire à l’erreur, voire à l’illusion.

Référence : Descartes, Réponse aux 6e Objections aux Méditations métaphysiques : exemple du bâton qui semble rompu lorsqu’on le plonge dans l’eau. Seul l’entendement permet de rectifier nos données sensorielles.

III) L’expérience doit être rigoureusement encadrée pour donner naissance à la connaissance.

A) La démarche du scientifique : expérience et théorie

La théorie précède et suit l’expérience : avant de pouvoir tirer une conclusion d’une expérience, il faut poser une hypothèse qui oriente nos recherches.

Référence : Kant, Critique de la raison pure : « toute connaissance débute avec l’expérience » mais « ne découle pas de l’expérience ».

B) La méthode expérimentale

Mise en place de la méthode expérimentale pour raisonner rigoureusement en sciences.

Référence : Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale : étapes du protocole : observation d’un fait, formulation d’une hypothèse, mise en place du protocole pour tester l’hypothèse, observation des résultats. Si l’hypothèse est confirmée, on en tire une conclusion. Sinon, on pose une autre hypothèse.

Expl : recherche de l’origine du sucre dans le sang des lapins.

C) L’opposition entre l’expérience première et l’expérimentation

Les connaissances scientifiques sont aujourd’hui tellement précises, dans l’infiniment petit comme dans l’infiniment grand, que notre expérience directe du monde ne nous permet d’acquérir aucune connaissance. Il faut des outils techniques, des technologies et des algorithmes très spécifiques pour parvenir à un progrès.

Référence : Bachelard, La formation de l’esprit scientifique : opposition entre « expérience première » et « expérience scientifique ».

En un mot, philosophons!

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